Une très belle page d'histoire rurale destinée à éclairer le passé d'un territoire urbain... Un travail éclairant sur les origines de Bruxelles et sur la naissance d'un village regroupé autour de sa paroisse Saint-Jean-Baptiste. Enfin, une contribution solide sur les premiers pas en terme d'habitat de Molenbeek-Saint-Jean.

On peut effectivement qualifier de cette manière l'ouvrage sérieux - érudit même - et passionnant que Paulo Charruadas a consacré aux origines de Molenbeek du XIIe au XVIe siècle. Certes une grande déception s'empare du Bourgmestre de Molenbeek-Saint-Jean lorsqu'il constate que le débat sur les origines respectives de Bruxelles et de Molenbeek se termine au désavantage de Molenbeek... Cette déception est largement tempérée par la conviction de l'historien que la vérité (avec toujours, pour ces périodes, une toute petite réserve en terme de certitude) apparaît à travers cette recherche. Il faut rappeler qu'après Guillaume Des Marez en 1932, Georges Despy avait récemment (1997) défendu la thèse d'un grand Molenbeek préexistant au noyau central de Bruxelles. Utilisant des arguments tirés des sources écrites mais aussi d'une analyse très moderne d'autres techniques de recherche, l'auteur nous propose de façon argumentée un Molenbeek encore très grand mais cependant réduit au versant ouest (rive gauche) de la Senne partant de Sainte-Catherine englobant les marais du Nord de Bruxelles et remontant paisiblement vers Dilbeek. Le quartier Sainte-Catherine se détachera de Molenbeek en deux étapes toutes deux ponctuées par la construction des enceintes successives de Bruxelles (XIIF et deuxième moitié du XIVe siècle).

Le territoire de Molenbeek s'étire autour de deux cours d'eau principaux qui se rejoignent un peu en aval des Etangs Noirs, le Molenbeek et le Paruck. Le flanc ouest de la vallée de la Senne grimpe en douceur pour atteindre quarante mètres d'altitude à Osseghem venant de vingt mètres à Saint-Jean-Baptiste en passant par vingt-deux mètres aux Etangs Noirs. Le sol est d'excellente qualité avec, bien sûr, une nécessité de drainage dans la partie marécageuse.

Ces atouts, pente douce et sol de qualité, ne seront pas utilisés précocement puisqu'on ne trouve aucune trace importante de présence humaine avant le moyen âge. Quelques trouvailles néolithiques dans le quartier Ransfort-Brunfaut et un puits plus significatif d'une modeste installation humaine - peut-être au IVe siècle - au Laekenveld constituent peu de chose avec d'ailleurs un grand vide dans les siècles qui suivent.