La construction de la Jonction Nord-Midi est un moment clef dans l'histoire économique, urbanistique, sociale et politique de Bruxelles.

Impossible de comprendre la ville actuelle, son organisation spatiale, la structure de son système de transports, la localisation des principales activités économiques, sans faire référence à la Jonction. Jamais construction de trois kilomètres de voie ferrée n'a engendré tant de débats, tant de tergiversations pour aboutir à un résultat qui, un demi-siècle après la fin des travaux, est encore aussi controversé. Si la prouesse technique reste incontestable, un nombre croissant de Bruxellois perçoit aujourd'hui la Jonction comme l'un des plus formidables gâchis urbanistiques au sein d'une capitale qui n'en est pourtant pas avare. Il faut toutefois être attentif aux anachronismes, se garder de juger un chantier d'hier avec les yeux d'un citadin du XXIe siècle.

Ce 50e anniversaire offrait donc une excellente opportunité pour rouvrir un dossier qui a peu retenu l'attention des chercheurs. Paradoxalement, la rareté des études contraste en effet avec la virulence des débats qui, pendant plus d'un siècle, tinrent en haleine une partie du monde politique bruxellois et même national.

Du côté des historiens, il faut se rendre à l'évidence, le sujet n'a guère attiré les chercheurs. En 1982, dans une remarquable synthèse sur l'urbanisation bruxelloise aux XIXe et XXe siècle, Yvon Leblicq constatait, à regret, l'absence d'une bonne étude historique sur la Jonction Nord-Midi1. Vingt ans plus tard, le constat reste d'actualité.

La bibliographie est étonnement pauvre. Jusqu'à la publication récente de l'ouvrage commandé par la S.N.C.B. à l'occasion du cinquantenaire de la Jonction et qui offre une très bonne synthèse des connaissances actuelles3, très peu d'ouvrages avaient [...]