Principauté incorporée, dès 1430, à l’ensemble en voie de constitution des Etats Bourguignons, destinée à en devenir un des pôles politiques, le duché de Brabant possédait un appareil d’institutions de gouvernement apparues à des dates échelonnées du Xlle au XVe siècle; ces institutions furent modelées par le temps et les événements, en particulier les interférences entre elles-mêmes et les jeux d’influences entre le prince et les Etats.

La hiérarchie judiciaire et administrative du Brabant comportait, à la fin du moyen âge, une catégorie d’officiers, qui occupaient un rang supérieur aux grands justiciers, mais étaient soumis à l’autorité des institutions centrales de gouvernement; le drossard, le maître des bois etle gruyer la formaient. Gachard les qualifiait de «grands officiers» (1); les appeler justiciers ou officiers supérieurs est plus exact et permet d’éviter la confusion avec les grands justiciers placés à la tête des circonscriptions (2). La parenté entre officiers des forêts et des chasses tient de l’évidence; le parallèle entre ces charges et celle du drossard, par contre, peut échapper au premier coup d’œil. En fait, la nature de leurs pouvoirs judiciaires constituait le lien entre les justiciers supérieurs. Ils se définissent, avant tout, en fonction de celle-ci. Leur compétence se fondait sur la notion de cas souverains; s’étendant au plat pavs et au domaine ducal, leur ressort échappait au découpage de la principauté en circonscriptions judiciaires. La procédure à laquelle ils recouraient était sommaire. Apparus à des périodes différentes, du 12e-13e siècle au 14e siècle, ils furent considérés, par le pouvoir ducal et par les Etats, comme formant une catégorie institutionnelle particulière. Les Etats virent en eux l’expression de l’arbitraire de l’autorité ducale.