Depuis très longtemps, il est un livre que je rêvais d'écrire consacré à cette région magique dénommée « Polders », qui s'étire le long de la côte, depuis le nord de la France jusqu'à la Zélande hollandaise. Il me faut dire que cette région est, après ma région natale (le Condroz), celle à laquelle je suis le plus attaché par la sensibilité : je n'ai cessé, depuis ma petite enfance, de la parcourir et de la découvrir.

Il est bien inutile, à mon avis, d'en faire un recensement descriptif après les dizaines d'ouvrages qui s'en sont occupé. Ce qui me semble original, c'est d'aborder ce nouvel ouvrage sous un autre angle et d'écrire, à son sujet, ce que j'aime appeler un essai de géographie sentimentale (et pourquoi pas amoureuse ?).

Il s'agit d'un ouvrage littéraire (entendez un ouvrage dont l'ambition est d'être beau — à l'image du paysage), mais dont la « littérature » serait discrète et l'écriture simple : au service du propos. On peut, évidemment, et on ne peut mieux, montrer à quel point un paysage peut être l'éducateur d'une âme (et la mienne n'en est qu'une parmi des milliers d'autres), et dévoiler, à travers un texte souriant, non point tant ce dont il est composé mais, suivant le mot de Claudel, ce qu'il veut dire. Ou du moins ce qu'il peut dire.

Nul paysage au monde, à ma connaissance, ne révèle mieux les noces de la terre, de l'eau et du ciel que les polders. Aussi, dans cette approche, je me fais discrètement aider par des écrivains dont l'art littéraire a approfondi la vision, et particulièrement par ceux dont la langue (flamande) est celle de la région.