A côté de ses nombreuses initiatives centrées sur l'art et le patrimoine de la Belgique, le Crédit Communal propose dans le domaine de la culture des thèmes qui mettent en vedette des formes de civilisations plus éloignées aussi bien dans le temps que dans l'espace. Notre Galerie du Passage 44 à Bruxelles a notamment accueilli des expositions axées sur les trésors de l'Armada, sur la peinture des Indes, sur les éventails chinois ou sur l'univers polynésien... «Une vie de pain» se situe dans le droit fil de cette tradition, tout en se distinguant par une innovation d'importance. Le sujet n'est plus cette fois une région ou une époque précisément définies, mais un aliment, en l'occurrence le pain. Pourquoi le pain? Quelles raisons y-a-t-il de se pencher sur cette nourriture? A vrai dire les motifs qui incitent à mettre le pain à l'honneur ne manquent pas. Si dans nos contrées le pain est devenu aujourd'hui un banal objet de consommation, on ne peut oublier qu'il n'en fut pas toujours ainsi. Des siècles durant, la quête du pain quotidien a hanté des générations entières, qui ont exprimé leurs angoisses dans la prière. A l'image du vin d'ailleurs, l'histoire du pain se confond avec l'histoire de l'humanité. Le pain qui garnit les tables est l'aboutissement d'un long cycle où interviennent la générosité de la terre et le labeur des hommes. Sa fabrication implique des acteurs du secteur primaire (les laboureurs), du secteur secondaire (les meuniers) et du secteur tertiaire (les boulangers). Le pain enfin est chargé de symboles: emblème de la prospérité et de la fécondité, il s'est par surcroît approprié la sphère religieuse. On le voit, la matière a de multiples résonances et l'exposition comme le livre qui l'accompagne s'efforcent de rendre compte de cette singulière polymorphie. Evoquer le pain constitue une démarche profondément originale; par là nous donnons une fois encore la preuve qu'une entreprise soucieuse de culture, comme la nôtre, n'emprunte pas nécessairement les voies d'un conformisme sans relief. L'exposition et le volume ont été réalisés à l'occasion du centenaire de l'Institut de Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles. Ils concrétisent la collaboration nouée entre notre Société et un centre universitaire désireux à la fois de célébrer avec éclat un anniversaire significatif et d'affirmer son insertion dans la Cité. A cet égard, nous devons remercier M. Jacques Nagels, directeur de l'Institut de Sociologie, qui dès le début a été un partenaire enthousiaste et a dégagé les moyens matériels et intellectuels afin de mener ce projet à terme. Notre reconnaissance ira à MM. Claude Macherel et Renaud Zeebroek, qui ont pris une part majeure dans la réalisation de l'exposition et de l'ouvrage; ils ont déployé des trésors d'ingéniosité et de patience pour rassembler textes, images et objets offerts à notre curiosité. Nous tenons aussi à exprimer notre gratitude à M. Paul Vandeboter-met qui a conçu la scénographie de l'exposition, aux auteurs qui ont accepté de participer à la rédaction du volume, ainsi qu'à tous les prêteurs, dont la générosité a permis cet événement.