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Jours de Guerre, tome 10 - 1942 : Jours de Doute
Broché / 128 pages / édition de 1994
langue(s) : français
collection : Jours de Guerre
numéro : 10
ISBN : 2871931925
EAN : 9782871931928
dimensions : 280 (h) x 210 (l) x 10 (ép) mm
poids : 600 grammes
DISPONIBLE
très bon état
12,95 EUR
référence : 1017271
Tous les prix incluent la TVA
Pour de nombreux Belges, ceux qui n’ont pas encore fait le choix clair entre la collaboration et toutes ses conséquences, la résistance à l’ennemi et tous ses dangers, les mois qui s’étendent de l’été 1941 à la fin 1942 sont ceux du doute. Ceux de l’interrogation constante sur ce qu’il convient de faire, sur l’équilibre à trouver entre ce que l’on peut concéder et ce que l’on doit refuser, entre les impératifs moraux du devoir civique et les contraintes de la survie quotidienne.

Ces choix à faire, ces questions à résoudre sont d’autant plus pénibles que rien, sauf pour une minorité de convaincus des deux bords, n’est vraiment clair. Ah certes, il y a la Belgique. Mais quelle Belgique? L’occupant laisse depuis l’été 1940 planer un flou artistique sur son sort futur en cas de victoire allemande. Vis-à-vis de la collaboration flamande, il alterne la carotte du rêve panthiois ou de l’Etat flamand et le bâton d’une intégration au Reich. Du côté des collaborateurs francophones, il laisse espérer la survie, voire l’agrandissement de ce même Etat dont il fait entrevoir aux autres la disparition probable. Pour lui aussi, derrière l’étalage d’une force apparente, il y a le souci de survivre d’abord, d’éviter tout conflit avec Berlin, de maintenir l’ordre au bénéfice de l’exploitation économique. Le reste peut être repoussé sans cesse à des calendes... germaniques. Nombre de collaborateurs iront toujours plus avant pour retarder l’échéance ou la rendre favorable, tout comme d’autres, qui ne sont pas des collaborateurs, rechercheront désespérément un parapluie protecteur, quel qu’il soit, pour éviter l’averse et la minorisation.

C’est aussi l’époque où il faut décider si l’on arrête définitivement le chemin entrepris pendant l’été ambigu de 1940 sur la troisième voie, celle de la « Belgique seule » et d’un vague «air du temps» réformateur dans un cadre qui resterait national. Au bout de ce chemin, la guerre se prolongeant, la pression augmentant, il y a la probable, voire inéluctable, bifurcation vers le chemin que précisément on ne veut pas prendre, celui de la collaboration. C’est toute l’aventure d’un mouvement comme celui des Volontaires du Travail, déchiré entre l’idéalisme qui l’inspire et les contraintes des temps. Jusqu’où, à l’image des rouages administratifs belges, peut-on aller sans se renier pour sauver l’essentiel et éviter le pire?

Le pire, c’est le sort quotidien de ceux qui ont déjà choisi. Pour eux aussi, rien n’est clair, les interrogations fusent, le doute pointe. Jusqu'où peut-on aller dans une politique d’attentats en frappant à titre d’exemple les mandataires communaux nouvelle mouture? Faut-il savoir s’arrêter quand la réaction de l’ennemi, en particulier lorsqu’il est lui-même atteint, s’en prend, par la politique des otages, à des innocents?

Savoir jusqu’où aller, c’est aussi l’interrogation du pianiste des services spéciaux. Emettre trop longtemps, c’est risquer la capture. Après celle-ci, peut-on jouer, pour sauver sa vie, un Funkspiel imposé par l’ennemi, en espérant confusément que les différents security checks seront perçus de l’autre côté de la Manche?

Rien n’est simple alors. Que le destin, l’erreur humaine, le hasard des combinaisons chimiques sèment la mort, à Tessenderlo en avril 1942, on ne peut l’admettre comme tel. En temps de guerre, la mort ne peut venir que de la guerre - raid aérien ou sabotage - avec toutes les implications sur le plan de la propagande.

Celle-ci rate parfois son coup comme dans l’imposition aux Juifs du port de l’étoile jaune. Destinée à les marginaliser, à les montrer du doigt, à les exclure, la mesure fait boomerang et provoque un élan de solidarité, une attitude de refus de certains pouvoirs publics. L’occupant sait désormais que dans son dispositif de «solution finale», il y aura des balises à contourner. Mais pour les premiers intéressés, c’est aussi l’heure du doute et du choix: faut-il obtempérer, se soumettre à l’humiliation ou comprendre que l’étoile n’est qu’une étape supplémentaire sur la route de la déportation et qu’il faut plonger dans la clandestinité?

Non, rien n’est simple en ce printemps 1942, celui du doute.
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