La célébration du bicentenaire de la Révolution française dépasse singulièrement bien des commémorations de circonstance. Nos projets et notre ambition de positionner au mieux Charleroi n’ont de sens que parce que nous jouissons d’un bienfait rare : la liberté.

1989 est l’année de la liberté puisqu’elle est celle du bicentenaire de la Révolution
française que nous célébrons dignement à Charleroi. Il y a 200 ans, le peuple de Paris brandissait l’étendard de la liberté. Enfants du siècle des Lumières, les héritiers de Voltaire et Rousseau ont voulu que le cœur et la raison se muent en passion pour que la devise Liberté-Egalité-Fraternité quitte le chemin de l’utopie et devienne la voie de toutes les espérances humaines.

Ville nouvelle engagée déjà dans une première phase de la révolution industrielle, mais sans réel pouvoir politique ou institutionnel, Charleroi a accueilli les révolutionnaires français en libérateurs, et des Carolorégiens se sont engagés dans cette croisade de la liberté en Europe qui a répandu les idéaux de la Révolution dans les pays voisins.

Nos concitoyens choisirent à l’époque de s’appeler avec panache «Libre-sur-Sambre». De ce rêve d’antan, coule encore dans les veines de nos Carolorégiens ce même sang libertaire qui leur donne l’esprit frondeur mais aussi le courage de s’élever quand il le faut contre toute forme de tyrannie.

La Révolution a marqué définitivement l’image de notre région en rattachant Charleroi au département de Jemappes, qui allait devenir la province du Hainaut, et en lui donnant un rôle administratif et judiciaire par l’installation d’une sous-préfecture. La ville et sa bourgeoisie étaient désormais prêtes pour maîtriser l’expansion économique des villes et communes environnantes, à leur profit. Débarrassé du carcan des anciennes structures institutionnelles devenues sclérosantes et désuètes, Charleroi détenait désormais entre les mains les outils de son avenir.

Aujourd’hui, nos habitants sont toujours prêts à répondre présents comme avant. Soucieux de leur autonomie communale et régionale, Wallons sincères, ils restent néanmoins des citoyens ouverts sur le monde. Ils se sentent solidaires de toutes les grandes causes humanitaires, de tout ce qui rapproche et soude les peuples.

Une collectivité ne peut survivre et trouver sa véritable identité que si elle peut faire référence à son passé. Une ville qui le néglige est une ville qui ôte le souffle à l’avenir. Ce serait une erreur de penser qu’on peut bâtir l’avenir en négligeant ses origines. Elles sont les fondations de toute construction solide et donnent une autre dimension à nos actions.

Forts de cette philosophie, nous nous sommes tournés vers le Crédit Communal, que nous remercions vivement pour nous avoir aidés à réaliser ce livre et cette exposition « Libre-sur-Sambre. Charleroi sous les révolutions 1789-1799». Sous ce titre générique, nous avons voulu retracer dix années d’histoire fertiles, des Révolutions brabançonne et liégeoise de 1789, des périodes révolutionnaires françaises de 1792 et 1794, à notre réunion à la République en 1795 et au coup d’Etat du 18 brumaire de Napoléon Bonaparte en 1799.