Ce n'est pas hasard si, une fois de plus, c'est un homme du Nord, un Allemand, Uwe Ommer, qui découvre et révèle la beauté africaine, la splendeur noire. Des femmes allemandes, des journalistes et cinéastes l'avaient déjà fait, comme Gisela Bonn.
Si j'ai chanté, comme on l'aura lu ici, la femme noire, c'est essentiellement pour sa beauté plastique, sa forme - j'emploie le singulier - et, par-delà, pour sa poésie au sens étymologique du mot : pour l'inspiration créatrice qu'elle engendre en nous, corps et cœur. Je dis cœur et âme.
Comme on le sait, les Grecs, fondateurs de la civilisation albo-européenne, sous l'égide de laquelle se construit aujourd'hui la « Civilisation de l'Universel », ont beaucoup emprunté, en son temps, à la civilisation de cette Egypte dont Hérodote, le père de l'Histoire, dit que les habitants avaient « la peau noire et les cheveux crépus ». Je songe aux dieux noirs qu'étaient, pour eux, Dionysos, le dieu de la vie lyrique, et Circé, la Magicienne, l'Enchanteresse. Au demeurant, dans les temps de la Préhistoire, et même après, le noir était une couleur sacrée sur l'étendue du bassin méditerranéen. Le prouvent, et les statues de la Déesse-Mère, comme de l'Afrique au demeurant, et la couleur noire de la Ka'ba.
Aujourd'hui, chez les Européens, mais aussi chez les Américains, voire les Asiatiques, il est resté quelque chose de la fascination de la femme noire. Il est vrai, comme le disait Paul Rivet, le fondateur du musée de l'Homme, que « quand deux peuples se rencontrent, ils se combattent souvent, ils se métissent toujours ». Il reste que l'envoûtement qu'exerce la beauté noire est, plus que jamais, un phénomène des temps modernes. Ma surprise, l'an dernier, en constatant, dans la vitrine d'un magasin de mode, à Bruxelles, que tous les mannequins étaient des femmes noires...