En l'année 1989. nous pourrons saluer le centenaire de la naissance d'Albert Raty à Bouillon-sur-Semois en Ardenne dans le Luxembourg belge. Le peintre fait honneur à l'art en Belgique. Il est un vibrant témoin des forces créatrices de la Wallonie. L'artiste célèbre sa terre natale : une terre belle et rude, la terre des schistes, des forêts et des eaux. l'Axdenne éternelle. L'on n'aurait cependant pas pleinement rendu compte de l'œuvre si l'on s'en était tenu au paysagiste. Nul doute en effet sur l'importance du portraitiste. C'est celui-ci qui guidera le peintre vers la libre composition de scènes de genre profondément originales. L'artiste figure dans les collections de l'Etat belge. On sait où le retrouver, par exemple dans les Musées de Liège, de Vresse ou de Bouillon. Rappelons encore l'ouvrage que lui consacrait Guy Gilquin voici maintenant dix ans. Sans doute devait-on partager alors le vœu exprimé par l'auteur que les voies qu'il avait ainsi tracées puissent engager à poursuivre la prospection. C'est justement à ce vœu que le présent travail s'est proposé de répondre.

Intitulé Esquisse du catalogue des œuvres, un recensement de plus de mille tableaux étaie et illustre la monographie Albert Raty. Le texte met à profit des dossiers patiemment constitués, des Correspondances ultérieurement rassemblées. Il utilise de précieuses archives, des organes de presse français et belges remontant jusqu'à 1912. Cartes postales illustrées, photographies, reproductions et documents inédits recréent sous nos yeux l'univers du peintre. Autour d'Albert Raty revit également le souvenir de ceux qui ont cru en lui. Aussi bien accé-dera-t-on, au fil de ces pages, à une intelligence plus claire de la destinée qui fut celle de l'artiste. Destinée d'autant plus singulière qu'elle s'inscrit dans la fatalité assumée d'une surdi-mutité de naissance.

Le chapitre premier, L'enfance et l'adolescence, n'évoque pas moins la famille ardennaise dans le Bouillon de jadis que les pédagogues auxquels avait été confié l'enfant. Il se clôt sur l'admission de l'adolescent à l'atelier que dirigeait à Bruxelles Ernest Blanc-Garin. élève de Portaels.