Préoccupations récentes des hommes et des institutions, la qualité de la vie et la protection de l’environnement sont à l’origine certaine d’un renouveau d’intérêt pour la vie sauvage, pour les retours à la nature.

Pourtant, bien ancienne est la connaissance des arbres, ces témoins millénaires qui nous aident à écrire l’Histoire, mais les botanistes et les dendrologues savent que chaque année apporte des données inédites, des expériences originales : la diversité des essences dans les massifs forestiers n’apparaît-elle pas, aujourd’hui, comme un rempart efficace devant les risques de destruction totale que court un couvert boisé lorsqu’il est la proie des flammes ou la victime de maladies épisodiques ou de pluies acides ?

Maléfiques parfois, au gré des superstitions, mais le plus souvent chargés de bienfaits, les arbres, arbustes et arbrisseaux sont depuis des milliers d’années présents dans notre environnement. Ils participent à l’originalité de tous les terroirs, dont ils sont un élément du patrimoine biologique. Forêts sauvages, futaies altières, denses végétations sont les creusets où de multiples espèces évoluent depuis des siècles. Il est nécessaire de préserver l’ampleur de ces forêts comme leurs compositions variées, car non seulement elles représentent une grande diversité génétique, mais elles abritent aussi une faune complexe, un monde végétal herbacé riche, dont la survie serait menacée. Aux reboisements monospécifiques nécessaires à la production de bois ou au sauvetage des sols, doivent donc se juxtaposer, dans les politiques d’aménagement de l’espace rural, en plaine ou en montagne, le maintien et la régénération des forêts composées d’espèces sauvages diversifiées.

Si, de nos jours, la couverture forestière de l’Europe est fortement disloquée, la diversité de nos flores ligneuses n’en est pas moins demeurée étonnante : des forêts d’Ardennes au parc national de Port-Cros, des Alpes valaisannes aux falaises armoricaines, ce sont plusieurs centaines d’espèces d’arbres et d’arbustes présentes dans presque tous les milieux sauvages ou « anthropisés » que nous allons découvrir dans cet ouvrage. En effet, ce Guide des arbres et arbustes, dédié à ces végétaux ligneux si riches, autochtones ou exotiques, met en relief cette diversité, qui se manifeste dans la silhouette des cimes, dans la couleur des écorces, dans les dentelures des feuilles; lorsque celles-ci deviennent «couleur de sang, de sang couleur de plume», ce sont les fruits que la nature nous offre.

Mais nul n’est besoin que les arbres aient conservé leurs frondaisons pour leur faire dévoiler leurs secrets : quand la forêt est captive de l’hiver, rameaux et petits bourgeons deviennent des guides précieux.

Ce guide consacre en outre une place importante à des notions synthétiques : le fonctionnement physiologique et biologique des arbres, leur reproduction et leur multiplication, leur importance en fonction de l’altitude, de l’exposition ou du climat. Bien que consacré aux arbres, cet ouvrage n’a cependant pas ignoré l’homme et les conséquences de sa présence ancestrale ou de ses actions modernes.

Alors, au gré des pages, le lecteur ira de découverte en découverte : l’incroyable diversité deviendra peu à peu familière, l’identification des espèces plus facile. Ainsi, à mieux connaître cet ami paisible et précieux, il comprendra que face à l’emprise technologique de la vie moderne, l’arbre et les forêts naturelles sont sources d’harmonie, de sérénité, de survie pour une grande part de toute la vie sauvage, et que leur conservation est un impératif éthique. Sans de vastes étendues où les arbres sauvages sont maîtres, il n’y aurait pas de «murmures de la forêts».