Ce fut une formidable bataille et une terrible défaite. Après de longues semaines de siège et de famine, Alésia finit par tomber : les armées gauloises cèdent aux légions romaines et leur chef, Vercingétorix, se livre à César. C'est là. sur le mont Auxois, que s'achève l'indépendance gauloise. Et pourtant, l'événement n'aura cessé de résonner dans notre mémoire : pendant des siècles on le célébrait comme l'origine d'une civilisation gallo-romaine enfin pacifiée.
Ce livre propose de le retrouver pour en interroger à nouveau le sens et la portée. La déroute des Gaulois n'avait rien de prévisible; Vercingétorix disposait de redoutables moyens militaires; il commandait des forces considérables venues de toutes les contrées de la Gaule ; sa stratégie ingénieuse aurait pu permettre d'emporter la victoire. Seulement, ses pouvoirs politiques étaient limités et ses troupes trop désorganisées, et mal entraînées, pour mettre en œuvre son plan; surtout, l'immense « armée de secours » qu'il avait réunie à Alésia disparut corps et biens à l'heure décisive de la bataille : le génie diplomatique de Jules César y était pour beaucoup.
Si ce moment demeure une journée qui aura fait la France, écrit Jean-Louis Brunaux, c'est moins à Alésia même qu'il faut en chercher la raison que, bien en amont, dans l'histoire longue de la Gaule, de sa civilisation, de ses institutions, de ses mœurs politiques : elles seules peuvent faire comprendre comment tout un élan « national » a pu assembler la plupart des peuples de l'ancienne Gaule pour affronter les Romains. Alésia est ce miroir qui laisse entrevoir l'unité longtemps méconnue des nations gauloises.
Jean-Louis Brunaux. directeur de recherche au CNRS, est notamment l'auteur des Druides : Des philosophes chez les Barbares (2006) et de Nos ancêtres les Gaulois (2008).