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Charles-Alexandre de Lorraine : Gouverneur général des Pays-Bas autrichiens
« Catalogue d'exposition Europalia 87 Österreich »
Broché / 360 pages / édition de 1987
langue(s) : français
dimensions : 210 (h) x 240 (l) x 27 (ép) mm
poids : 1320 grammes
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Un catalogue d’exposition ne se veut pas une monographie. Les textes que voici n’ont d’autre ambition que d’illustrer un certain nombre de facettes de la vie de Charles-Alexandre de Lorraine et, peut-être, d'inviter à une relecture du personnage. Seule la fréquentation des documents d’époque peut donner quelque idée de l’attachement que Charles de Lorraine suscita aux Pays-Bas. Lorsqu’Albert de Saxe-Teschen arriva en Belgique pour succéder à Charles-Alexandre, il nota dans son journal:

« joignés y enfin l’agrément d’y vivre au milieu d’une nation que la sagesse et la bonté du règne de Marie-Thérèse avait attaché à sa maison ». Cet attachement n’était que la projection de celui que la population portait à son Gouverneur général. Lors de son voyage éclair en Belgique, après le décès de Charles de Lorraine, l’empereur Joseph II eut l’occasion de prendre la mesure de ces sentiments que sa politique éclairée mais brutale allait bientôt détruire. Sauf à multiplier les documents d’archives, une exposition ne peut rendre compte de l’activité politique d’un gouverneur général, activité que l’on a mise en doute d’ailleurs. Si celle-ci fut généralement discrète, puisque ce rôle était dévolu en principe au ministre plénipotentiaire, les interventions du Prince dans ce domaine réservé ne manquèrent ni de psychologie ni de bon sens. Cela lui valut d'ailleurs parfois le bref courroux de sa Souveraine.

L’exposition donne la préférence à des aspects plus «muséographiques» de la vie de Charles-Alexandre de Lorraine dans nos provinces. D’autres chapitres auraient pu s’ajouter au catalogue, et l’équipe — enthousiaste — qui a collaboré à sa rédaction est la première consciente de ses lacunes. Les relations de Charles de Lorraine avec ses trois ministres successifs, le marquis de Botta-Adorno, le comte de Cobenzl et le prince de Starhemberg, ou l’intérêt du prince pour les sciences, pour la cartographie ou pour la numismatique sont des sujets qui auraient aussi mérité quelque attention. Certains de ces aspects ont déjà été traités, d’autres auraient pu être exploités davantage, pour d’autres encore, la dispersion des collections (minéralogie, pierres gravées antiques et modernes, monnaies et médailles) ne permet plus d’en faire un thème d'exposition. Un parallèle entre les goûts de collectionneur de Charles et de l’empereur François Ier aurait été, lui aussi, instructif. Les deux frères avaient hérité de leur père le goût de l’expérimentation, des automates, des «tableaux mouvants ». Ils eurent en commun la passion numismatique, l’intérêt pour la minéralogie, la botanique, la physique. Dans ces divers domaines, l’Empereur eut sans doute davantage la possibilité de s’entourer de savants éminents.

Le dominicain P. Collins, auteur d’une biographie d’Elisabeth-Charlotte d’Orléans, mère du Prince, parlant de Charles-Alexandre, insiste sur «l’étendue et la facilité extraordinaires » de son esprit et de son goût pour « les sciences et les beaux-arts, les mathématiques surtout dans lesquelles le génie et la mécanique ont été sa partie favorite». Tout au long de l’existence du Prince, nous retrouvons des traces d’une curiosité d’esprit toujours en éveil, d'un intérêt soutenu pour les « dons de la nature », mais aussi pour l’homme «inventeur», typique de l’anthropocentrisme philosophique des Lumières comme de l’esprit qui présida à l’élaboration de l’Encyclopédie.

Le mécénat du gouvernement autrichien, suscité par Cobenzl, s’est doublé du mécénat privé du Prince. Nul doute, Charles-Alexandre a été dépensier, et cela, malgré des efforts permanents et sincères pour gérer un budget. Il fut un joueur invétéré (comme la plupart des nobles de son époque), toujours malchanceux semble-t-il. Ses pertes au jeu, il les note imperturbablement dans ses «carnets secrets», en même temps que ses prévisions budgétaires, rarement respectées d’ailleurs. Les commandes fastueuses, notamment en matière d’orfèvrerie, que le Prince a passées à des artisans de chez nous, ses achats d’œuvres d’art, de pendules ou de tableaux ont, par ailleurs, contribué puissamment à une renaissance artistique dont le pays avait grand besoin. Si le gouverneur général tint à s’entourer du faste qui seyait au représentant de l’empire austro-hongrois, il se conformait en fait aux conseils de son très libéral « conseiller commercial» (sic), le marchand Nicolas Bacon. Dans un mémoire adressé au Prince, Bacon vantait «le luxe comme le second soutien de l’état» puisqu’il permettait de «faire circuler l’argent».

L’importance des collections princiè-res peut s’évaluer avec précision grâce aux minutieux inventaires exécutés après le décès de Charles de Lorraine, sur ordre de Joseph II, son héritier universel. Ceux-ci ont préludé à l’établissement des six catalogues de vente d’une richesse exceptionnelle qui ont dispersé les collections. Les recherches entreprises pour retrouver certains objets sont souvent bien aléatoires. Heureusement, les pièces les plus prestigieuses furent transférées dans les collections impériales à Vienne. Elles figurent à l’exposition, grâce à la généreuse collaboration de l'Etat autrichien. Certaines pièces importantes conservées à l’étranger n’ont pu être empruntées, soit par suite de dispositions testamentaires, soit à cause de leur état de conservation précaire.

Moment agréable que celui des remerciements.

Notre reconnaissance va à la Générale de Banque, qui a offert à Europalia les moyens d’organiser la présente exposition et d’éditer un catalogue fastueux, à [...]
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