Il existe une histoire d’Arlon, en deux volumes de plus de cinq cents pages chacun, parus en 1873 et en 1874. Prat, qui en est l’auteur, a fouillé les archives, parcouru les chroniques et réuni un ensemble de faits intéressants.

Toutefois son œuvre ne manque pas d’être indigeste : elle est encombrée de discussions fastidieuses et embrouillées, bourrée de citations inutiles, envahie par une foule d’exposés superflus, qui ne concernent que l’histoire générale.

C’est un livre à consulter, a-t-on dit. Pas toujours. Son information est loin d’être complète. Déjà en 1878, God. Kurth reprochait à ce « volumineux ouvrage » l’absence de « renseignements authentiques et anciens » consignés dans des sources, dont l’auteur connaissait cependant l’existence. D’autre part, les interprétations de Prat sont souvent sujettes à caution, ce qui se conçoit, quand on songe au temps et aux circonstances, où il composa son histoire. Enfin nombre de travaux et de publications ont depuis lors apporté quantité d’éléments nouveaux.

Il importe donc de faire le point. Kurth, le plus illustre enfant d’^Arlon, le fondateur de la critique historique Cn Eelgiqùë, s’était naturellement proposé de retracer l’histoire de sa ville natale. Mais les archives locales ont disparu au cours des incendies et des pillages, dont Arlon a été la victime à l’époque moderne. Des siècles entiers, surtout le haut moyen âge, sont plongés dans une parfaite obscurité. La pénurie des documents a fait hésiter Kurth, dont le travail sur Arlon est resté à l’état d’ébauche : une demi-douzaine de pages, consacrées à la bourgade arlonaise sous les Celtes et les Romains, ont été reproduites en 1931 par F. Neuray dans sa biographie de Kurth.