La ville de saint Remacle, le pays de Stavelot tout entier ont tenu à solenniser, en 1891, par des fêtes religieuses extraordinaires, le douze centième anniversaire de la mort de leur patron. Tous, également oublieux des divergences d’opinions, se sont associés à la préparation de ces réjouissances : c’est la juste et belle manifestation d’un patriotisme intelligent ; c’est l’expression la plus légitime d’une reconnaissance nationale.

Stavelot doit à saint Remacle sa naissance même, ses développements comme cité, la tranquille existence de ses habitants pendant une longue suite de siècles, la prospérité de leur commerce, ce qu’ils ont compté d’illustrations religieuses, politiques et littéraires, l’honneur heureux d’avoir été pendant douze cents ans la capitale d’une patrie libre, régie dans une paix constante, et dans la plus réelle des libertés, par un pouvoir patriarcalement paternel.

Les traces ne manquent point dans ce pays du passage des armées et de la civilisation incomplète des conquérants romains; mais cette civilisation toute matérielle dut, dans ces régions reculées, plus que parlout ailleurs, s’affaisser bientôt,victime dé la corruption payenne qu’elle portait dans ses flancs. Ces grandes voies romaines , le témoignage le plus monumental de la prise de possession des Fagnes mêmes par le peuple-roi,n’v servirent plus qu’à faciliter l’envahissement lors des invasions des barbares.

Tout était donc à refaire au VIIe siècle lorsqu’y [...]