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Schiste Pierre d'Ardenne
Relié / 288 pages / édition de 1993
langue(s) : français
éditeur : Phyllades
dimensions : 247 (h) x 249 (l) x 22 (ép) mm
poids : 1420 grammes
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Il est loin et pourtant proche encore — c’était dans les années 70 — ce temps où nous parcourions, Carlo Kockerols et moi, les grands albums où étaient disposées, site par site, ses photographies des croix de schiste...

C’était bien clair déjà: personne avant lui n’avait consacré tant de temps et tant de soin à découvrir celles-ci et à les inventorier, sur l’ensemble du terrain d’Ardenne.

Et puis? Les faire connaître? Il laisserait le soin à d’autres de publier quelque chose à ce sujet. Les protéger? Les premières blessures, sans doute, étaient déjà dans son cœur, mais...? L’essentiel était apparemment de les côtoyer, ce qu’il faisait avec son épouse en des randonnées toujours plus nombreuses à travers le Luxembourg et au-delà.

Mais les années ne sont pas neutres. Les idées y font route, toutes, dirait-on, convergeant vers un point de rassemblement, comme une marche à l’étoile vers une croisée de chemins.

La voici la croisée...voici livré le résultat de tant de recherches. Tout y est rencontre: le nord et le sud, l’est et l’ouest, la terre et le ciel, le passé et le présent.

Et c’est bien ici l’essentiel du propos: le passé et le présent.

Car qu’attendons-nous en définitive? Quelle recherche obstinée anime l’homme d’aujourd’hui? Quelle quête sous-tend tout ce qui s’écrit maintenant sur les choses du terroir? Ne serait-ce pas un immense besoin d’unité de l’être, correspondance intime entre ceux qui l’ont précédé et lui-même, entre ce qu’ils ont aimé, ce qu’ils ont fait et lui-même, et donc correspondance entre le pays dans tout ce qu’il est et lui-même?

A Ollomont, Edmond Dauchot l’avait magistralement démontré. Par l’image lui aussi, c’est l’homme qu’il a revivifié en lui montrant la marche longue du journalier sur le chemin de neige. C’est à l’homme encore qu’il s’est adressé face à quelques planches adossées au mur blanc... Le village et ses environs lui ont suffi pour vivre vraiment.

Combien en a-t-il vu, des croix, polies par les hommes et les ans, droites ou fatiguées, parfois fleuries, appelant à la prière ou au souvenir, celui par exemple, au coin des fagnes, d’une “pauvre famme qui a décédée ici...”
Carlo Kockerols les a vues aussi. Toutes? Tant et tant.

Il les a regardées. Son œil, comme celui de Tjienke Dagnelie, auteur de nombreux clichés du présent ouvrage, les a lues et relues, et les a fait dialoguer. L’ensemble s’est

progressivement ancré en lui, de telle sorte qu’il les connaît réellement aujourd’hui. Il pouvait donc partager et nous donner ceci.

En Ardenne, le schiste est l’essence même: le sol, les murailles et les choses, du quotidien au surnaturel.

Il était donc fondamental de lui refaire sa place.

Nous devons refaire la même démarche, image par image, comme autant d’étoiles sur l’itinéraire. Nous devons retrouver et reconnaître la matière, la manière et l’idée.

Nous devons retrouver l’homme par delà, retrouver nos racines et, nous aussi, refaire notre unité. Nos enfants devront le faire aussi. Ils le pourront maintenant, le matériau étant rassemblé dans leurs mains. Ils devront à leur tour regarder et sentir. Le flambeau ne peut pas tomber... ou retomber!

Il a failli s’éteindre en effet. Le matérialisme récent a fait fi de ces signes à nous légués, les décriant parfois, les négligeant, les mutilant, les détruisant souvent.

Des voix se sont élevées, telles et si nombreuses aujourd’hui que l’urgence d’une action globale de protection s’en est fait sentir. A la demande qui lui en avait été formulée, il a mis l’ouvrage sur le métier. Il avait l’appui des défenseurs de toujours, au rang desquels milite Emile Potelle. Il a maintenant l’attention de plus d’un décideur.

Un mouvement se dessine et s’épanouira.

L’homme d’hier s’était livré dans cet art. Il s’y était livré dans les formes, dans les textes, dans l’imagerie, dans son ciseau. Il nous a donné des orfèvreries comme les stèles d’Herbeumont, il nous a donné de l’Epinal comme à Ottré, des pierres levées vers le ciel comme à Tigeonville!

Plus à l’est, dans son patrimoine funéraire mais aussi, plus qu’ailleurs, dans l’ensemble de son patrimoine architectural, il nous a laissé une œuvre prodigieuse en schiste ardoisier. Elle nous est due à la part prépondérante qu’y ont prise les quelques jeunes, arrivés un beau jour de leur lointain Tyrol. Savaient-ils, en s’effaçant au regard de leurs proches au premier tournant de leur vallée montagnarde, quelle marque ils allaient imprimer à notre terre d’Ardenne et d’Eifei?
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