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Les Grands Orfèvres de Louis XIII à Charles X
par Collectif
Relié / 334 pages / édition de 1965
langue(s) : français
éditeur : Hachette
dimensions : 320 (h) x 250 (l) x 33 (ép) mm
poids : 2445 grammes
DISPONIBLE
très bon état
pas de jaquette
14,95 EUR
référence : 1013127
Tous les prix incluent la TVA
L’histoire de notre orfèvrerie remonte aux temps les plus reculés. Sous le règne de Louis XIV, elle prend un essor exceptionnel. C’est l’époque où, à côté des fabriques de meubles et de tapisseries, Colbert crée aux Gobelins un atelier d’orfèvrerie. Sous la ferme direction de Le Brun, cette manufacture eut une influence considérable sur la décoration du temps. Ce sont là, pour l'orfèvrerie, des années glorieuses.

D’énormes travaux furent exécutés, et de tout cela, rien n’a subsisté. En 1689, en effet, puis en 1709, Louis XIV, pour payer les frais de la guerre, fit fondre son argenterie personnelle — on en tira vingt-cinq mille kilogrammes d’argent — et ordonna à ses sujets un semblable massacre. Par l’image et par l’inventaire de la Couronne, nous connaissons les œuvres somptueuses évanouies dans le creuset, tables et meubles, vases et chandeliers, évocateurs d’un faste qui semble emprunté aux magnificences du palais de la Belle au bois dormant.

Mort le Roi-Soleil, nos orfèvres n’eurent plus à exécuter de pièces aux dimensions prodigieuses. Travaillant sans relâche, ils créèrent dans une forme plus souple un décor nouveau, un style éminemment français qui, par la perfection de ses lignes, par la pureté de son dessin, sut s’imposer au monde entier.

C’est grâce à cette expansion de notre art qu’il nous est aujourd’hui permis d’admirer encore les chefs-d’œuvre de nos orfèvres du XVIIIe siècle. En France, nos trésors d’argenterie ont subi d’immenses destructions par les fontes ordonnées sous la monarchie, par celles de la Révolution, sans parler des innombrables pièces envoyées au creuset par des possesseurs endettés, au temps où le patrimoine familial ne se composait que de terres et d’argenterie, sans parler non plus des vandales qui, naguère encore, saccageaient l’argenterie de famille pour la faire transformer au goût du jour. En revanche, de grands trésors d’argenterie française se conservèrent dans les cours et dans la noblesse étrangères, et furent remis en circulation à la suite des bouleversements qui ont suivi la Première Guerre mondiale.

C'est alors que, rapatriées, bien des œuvres de nos artistes vinrent accroître notre patrimoine artistique. Les grandes collections françaises s’enrichirent et prirent d’autant plus d’intérêt que l’on parvint, en dépit de la destruction ou de la dispersion des archives, à déchiffrer les poinçons et à les identifier, ce qui nous permet à présent de connaître l’auteur de chaque pièce, et mieux encore, de savoir dans quelle ville elle a été exécutée et en quelle année.

Il y a quarante ans, toute pièce d’argenterie française antérieure à la Révolution était uniformément qualifiée de « Vieux Paris », et l'on ne se souciait guère quelle eût été faite dans la capitale ou en province. En 1926, à l’exposition d’orfèvrerie du musée les Arts décoratifs, les pièces, en dehors des parisiennes, furent classées, à quelques exceptions près, selon leur caractère folklorique, sans indication de date, de lieu ou d’auteur. Dix ans plus tard, lorsqu'au même musée on présenta uniquement l’orfèvrerie de province, les objets furent, dans les vitrines, répartis par régions, et mieux encore, par juridictions.

On possède ainsi, en matière d'argenterie, des précisions qui n’existent dans aucun autre domaine. Elles sont une source d’informations précieuses et permettent, par exemple, de déterminer de façon certaine les périodes de prospérité, de notre XVIIIe siècle. Comme il y a de grandes années pour les vins, il y en a pour l'orfèvrerie, années où la production est pléthorique, comme elle devait aussi l’être, doit-on penser, pour les autres arts. Après des années creuses où le climat politique et économique avait défavorisé la production, tout à coup surgit une année faste où la noblesse, la haute bourgeoisie peuvent passer d’importantes commandes, et où abondent les chefs-d’œuvre.

Grâce aux poinçons, aussi, on a pu classer les orfèvres selon leur mérite, et découvrir des artistes incomparables ignorés jusqu'alors. On a pu également suivre l’évolution des styles tout au long de plusieurs générations. Nous pouvons ainsi constater que le style Louis XIII persiste nettement jusque vers 1680, et que ce qu’on est convenu d’appeler le style Louis XIV se perpétue à Paris jusque vers 1725, en province jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Nous nous rendons compte aussi que le Régent n’a jamais vu un objet «Régence », et qu’en revanche ce qu’on nomme le style Louis XVI prend naissance aux environs de 1760. Quoi qu’il en soit, à travers ces styles qui changent, une chose se maintient : c’est la qualité éminente qui a fait la réputation mondiale des orfèvres français. En tournant les pages de ce volume, le lecteur se convaincra — s’il ne le sait déjà — qu’il n’est pas exagéré de réserver à notre orfèvrerie ancienne une place d’honneur dans l’histoire de l’art français.
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