livres. lus. approuvés.
Bienvenue chez Bibliomania, le spécialiste en ligne du livre de seconde main
FR  •  NL
Panier
0
Les Marolles: Petits métiers des Marolles
Reliure toile / 94 pages / édition de 1987
langue(s) : français
ISBN : 2871560013
EAN : 9782871560012
dimensions : 210 (h) x 210 (l) x 15 (ép) mm
poids : 485 grammes
Cet ouvrage n'est
pas disponible
actuellement sur
Bibliomania
C’était au temps où Bruxelles criait... Oui, nos rues retentissaient naguère de toutes sortes de «cris»: ceux des marchands ambulants, fort nombreux, qui s’égosillaient à qui mieux mieux : « Les poires Jefkes, 5 centimes la lîv’ ! », « Schuune witte zoevel ! », « Noix fraîches, treize la douzaine ! », « Vessen Hollandsen haring », « Chauds les marrons », « Stôle te bie-zen ? » (chaises à canner), « MosselE-E-E ! », etc. Le chiffonnier s’annonçait en trompettant et en psalmodiant « Hei ghîn vodden en bîn »; le rémouleur, juché sur sa petite charrette, interrompait parfois le bruit aigu du couteau sur la meule pour hurler « Scheiresliep ! », tandis que le marchand de pétrole (lampant) fouettait le cheval qui tirait sa voiture-citerne, agitait le battant d’une cloche et braillait «Pitrol, pitrol, vaaif cees de leeter ! » (5 cennes ou 10 centimes) : les ménagères pauvres (celles dont la maison ne possédait pas la belle plaquette bleue émaillée « Gaz aux étages » et qui devaient donc s’éclairer au pétrole) accouraient, en chignon et en tablier, pour faire remplir leur cruchon de deux litres, provision suffisante pour une semaine d’éclairage, à condition qu’on se couche tôt.

Quant aux melkbôren (marchands de lait), ils ne criaient pas, mais se signalaient de loin par les aboiements des deux molosses qui tiraient leur charrette emplie de grandes cruches de fer galvanisé. Il y avait aussi les chanteurs-accordéonistes ambulants, qui faisaient s’agglutiner autour d’eux, non seulement les passants, mais aussi les ménagères, qui n’hésitaient pas à abandonner pour un quart d’heure leur lessive ou la préparation de leur soupe pour se plonger dans la suave et mélodieuse griserie du dernier succès de Paris. On rencontrait aussi des Italiens qui tournaient sans répit la manivelle de leur orgue de « Barbarie » surmonté d’un petit singe frileux, et des tchouk-tchouks pliés en deux sous une énorme charge de tapis d’Orient (fabriqués à Tournai) mais qui trouvaient cependant la force de crier inlassablement « Boû-tapis-pas-cher ».

A six heures du soir se déchaînaient les crieurs de journaux : « Le Swar pour demain ! Le bandit de la rue d’Vésale est arrêté ! Demandez le Swar ! » ou bien « Lisez le Peup’ ! Le governement va tomber » ou encore « Nachon belche, Nachon belche* ».

C’était aussi le temps où l’on pouvait rencontrer des personnages typiques fort peu ordinaires, comme il n’y en a plus guère aujourd’hui. Par exemple, où trouverait-on encore un poète en redingote claironnant des vers hermétiques comme ce Chevalier Lank Hoer qui faisait la quête dans les rues? De même, on a oublié ce Schieve Jef qui, coiffé d’un melon, jouait de la flûte sur les trottoirs, et le Beau Frisé, complètement chauve, qui colportait des pommades capillaires, et la Madame Gaspard, vieille diva de guinguette qui allait de café en café en serinant la seule chanson qu’elle connaissait encore, «Madame Gaspard va-t-au marché, et le Pitje Plezier qui interpellait les passants à l’air renfrogné pour leur dire que la vie est un plaisir et qu’il faut chasser les tracas, et ce tondeur de chiens nommé Jan Moustache qui pour dix centimes toilettait [...]
rechercher des articles similaires par catégorie
rechercher des articles similaires par thème: