Chère Ville d'Arlon, à la pointe toujours de l'héroïsme et de la douleur. La plus menacée de toutes: car ce n'était pas seulement l'occupation qui voulait l'écraser, mais la volonté du soudard de la faire sienne dès l'abord pour toujours. Quelle autre a été harcelée comme elle ? Quelle autre aurait résisté comme elle à cette obsession quotidienne, à cette entreprise sans relâche ni merci, à ces équivoques de langage, à ces tentatives multipliées ?

Les petits villages autour d'elle la regardait sur sa colline comme un exemple et comme un signal. Jamais elle ne courba la tête. Pourtant les doigts grossiers, chaque jour resserraient sur son col l'étreinte de l'étrangleur. Elle continuait de sourire, de souffrir. Tant pis! elle paierait, elle allait payer!...

La journée du 25 août, à la veille de la fuite des barbares, sera pour elle, dans l'Histoire, le fruit de la gloire et de la douleur, elle consacre pour les siècles la splendeur du défi que les barbares voulurent exemplairement châtier. Nulle part ailleurs ils n'éprouvèrent le besoin de cette vengeance froide, de ce sursaut de haine dans la défaite. Ici on les avait trop bafoués !