Le but du présent volume n'est pas l'érudition pure ou la documentation dégagée de toute idée pratique : il vise à intéresser tous les hommes de bonne volonté et il le fait en fonction du Musée historique de Tournai. Sa forme même est conditionnée par les circonstances : ne doit-il pas être à la portée de toutes les bourses et facile à manier, à l'inverse de YEssai chronologique pour servir à l'histoire de Tournai, que l'intarissable Hoverlant de Beauwelare publia en 117 volumes de 1805 à 1834?

Mais, si limité soit-il dans ses intentions et ses moyens, cet ouvrage n'en a pas moins l'obligation de présenter aux lecteurs l'état actuel des connaissances qui affectent les traits saillants d'une cité au passé exceptionnellement riche et dont le dernier tableau synthétique de quelque étendue remontait à 1840 avec l'Histoire de Tournai et du Tournaisis de Chotin. Or, c'est précisément depuis environ cent ans que l'histoire de Tournai a pris forme grâce à l'action collective de la Société historique et archéologique, fondée en 1846, et au labeur individuel de quelques auteurs locaux ou étrangers. Il en est résulté une bibliographie, variable en valeur mais toujours très utile, permettant de renouveler, sinon de dresser pour la première fois, la figure de périodes d'une importance capitale dans les destinées urbaines. C'est le cas notamment de la période épiscopale, de celles des origines de la commune, de l'avènement des métiers, de la domination anglaise, des troubles du xvie siècle, du règne de Louis XIV et de la Révolution brabançonne (1).

Tout récemment, le désastre qui a renversé la cité jusque dans ses fondements a permis aussi de procéder à des recherches dont le problème des origines gallo-romaines a grandement bénéficié.

C'est tout cela — et d'autres choses inédites — qu'il fallait exposer en le condensant. Le rapprochement entre les conceptions modernes et les idées romantiques de Chotin sera, pour qui voudra s'y livrer, assez instructif sur les progrès de la science historique.