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Jardins Secrets : Remèdes populaires d'Ardenne
Broché / 212 pages / édition de 1985
langue(s) : français
éditeur : Chemin aux Esprits
dimensions : 235 (h) x 155 (l) x 13 (ép) mm
poids : 402 grammes
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Ces jardiniers secrets forment une troupe grave, rustique, savante ou bonhomme : un médecin de Chevron, un religieux d'Aywaille, un boulanger de Verviers, tous du Grand Siècle et deux bourgeois des Lumières. Ils sont suivis au siècle suivant d'un curé des hauts plateaux, de deux bonnes femmes de Grand-Halleux, d'une autre de Provèdroux, hameau de Lierneux et de quelques autres : d'Esneux, de Rettigny, de Gouvy, de Bellevaux, d'Amonines et d'ailleurs. Pourquoi donc médecins et chirurgiens partagent-ils avec des bonnes femmes peu instruites, crottées par les travaux et le fumier, cette passion pour les simples ?

Rien, apparemment ne les rapproche. Ces doctes personnages revenus des universités de Louvain, de Pont-à-Mousson ou de Trêves, riches ou chasseurs de dots, titulaires des grands offices du monde rural — mayorats et échevinats — forment un cercle impénétrable, un soleil dardant sa science, faisant baisser les yeux, me direz-vous. Il n'en est rien. Le milieu rural est plus perméable aux modes — utiles — qu'il n'y paraît. Les paysans se hâtent lentement mais sont bons élèves.

En fait, le divorce entre médecins et sages paysans est prononcé au début du XIXe siècle quand les progrès de la chimie, de la pharmacologie permettent au corps médical d'abandonner les vieilles thérapeutiques auxquelles resteront fidèles les bonnes femmes, les rebouteux et les curés, propagateurs d'une médecine dite populaire par opposition à une médecine dite de progrès^).

Pour nous rendre compte de l'étroite symbiose régnant entre la médecine savante d'Ancien Régime et la société d'alors, il suffit de tirer cet exemple de Saint-SimonP).

Lors des campagnes d'Allemagne, le maréchal de Lorge fut à la toute dernière extrémité. On fit venir des médecins de Strasbourg mais en vain. L'armée était au désespoir, elle allait perdre son chef. Le duc lui dépêcha des gouttes d'Angleterre composées d'opium et des plus étranges ingrédients : poudre de crâne de pendu, vipères séchées et autres douceurs. Le plus étrange fut que Monsieur de Lorge en guérit.

Il est utile, je pense, de planter le décor. La scène I décrira malades, maladies et médecins d'Ancien Régime ; dans celle du II, nous assisterons aux exploits du Médecin de campagne, version ardennaise.

De juillet à octobre 1636, prise entre les soldats, la disette et les bûchers, la peste se déchaîne dans les vallées comme sur les hauts plateaux(3).

La peste, maladie d'été, tue, mais rarement plus de 3 mois ; elle s'assoupit en hiver, mais se réveille souvent, avec une violence accrue, les beaux jours revenus.

Ah ! oui, les beaux jours ! Ils sont loin, ceci dit sans charger les pinceaux de larmes et de sang. Paysans et bourgeois d'Ardenne — et d'ailleurs — ne connaissent nul répit de 1624 à 1639.
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