Une levée de clochers, de flèches, de tours et de combles, portant vers le ciel l'espoir et la foi des habitants, surprenait, autrefois, ceux qui abordaient notre ville. C'est qu'une âme religieuse avait pendant des siècles animé le pays et cette foi ardente avait trouvé dans l'art son épanouissement.

Abbeville, ancienne capitale du Ponthieu, au passé chargé d'histoire, était justement fière de son patrimoine artistique. Jamais ville n'avait montré dans un si petit espace une aussi belle parure d'églises, de chapelles, d'abbayes, de monastères, de refuges.

De tout ce millénaire de prospérité, de toutes ces richesses monumentales sauvées de la destruction après tant de guerres et de périodes troublées, épargnées par la révolution de 1789, que restait-il avant la grande dévastation de mai 1940 ? Une imposante Collégiale, qui constituait l'un des plus beaux fleurons de l'École médiévale picarde; quelques églises paroissiales, souvent restaurées, qui offraient encore au visiteur charmé d'importants fragments de l'efflores-cence religieuse du Moyen-Age et quelques vestiges glorieux des anciens couvents : parties de cloîtres, pans de murs percés de fenêtres ogivales ou ornés de colonnettes. Ils [...]