On n'avait sans doute guère replacé le grand peintre Hugo van der Goes dans son siècle. Le définir par rapport à ses congénères a été fart plusieurs fois et avec bonheur. Je ne pense pas, cependant, qu'on ait déjà tenté, non d'expliquer van der Goes mais de l'éclairer par le contexte historique et social de son époque.

C'est, à mes yeux, l'incontestable mérite de cet essai qui s'inscrit tout naturellement dans la ligné du Brueghel contre les pouvoirs que Jean Francis a publié dans la présente collection.

Jean Francis, essayiste, auteur dramatique, journaliste, après avoir publié « L'ETERNEL AUJOURD'HUI DE MICHEL DE GHELDERODE» et «BRUEGHEL CONTRE LES POUVOIRS» qui le situèrent d'emblée parmi les meilleurs explorateurs de « Nos héritages », nous donne aujourd'hui un van der Goes inattendu. De Gand où le peintre vécut les années tumultueuses de la ville jamais soumise et toujours en ébullition à Auderghem, dans la quiétude du Rouge-Cloître, il retrace l'itinéraire du peintre du Triptyque des Portinari. C'est, à larges traits, toute l'époque qui revit, vue par le menu peuple, celui qui travaille, peine et souffre et dont van der Goes fut sans doute le premier à évoquer la détresse et l'angoisse.