Le livre que voici est une reproduction en fac-similé de l'album paru en 1896. Il nous restitue avec humour et émotion le portrait d'une grande cité balnéaire à la mode au tournant du siècle. Le petit monde insouciant de la Belle Epoque y évolue avec grâce, attentif à sa seule image.
Pour ces bourgeois au charme discret, la vie est faite de jouissances douces-amères où le flirt quotidien tient lieu de passions sentimentales. Souriants et paisibles, ils arpentent la digue de mer au bout de laquelle leur monde se termine, avec, au cœur, la sereine conviction de l'universelle stabilité.

Pour les moments d'émotions fortes, ils ont le casino et le champ de courses, le hasard et la nécessité. Entre-temps et à heures fixes, voici le bain, plus hygiénique que sportif qui s'exerce en bordure même du flot, sous la double protection de lourdes cabines à décor de pyjama ou de maxi-maillots dont seul le galbe d'une jambe timide ou d'un bras charnu, s'échappe parfois. A l'autre extrémité de la plage, de mâles jumelles feignent de scruter l'horizon, toujours avides de nouvelles découvertes ana-tomiques.

Reine des plages, Ostende est aussi plage des rois. Les plus grands de ce monde, les mieux nantis, s'y retrouvent en un grand rendez-vous cosmopolite, conformément à une mode exigeante qui veut que l'on se montre là où célébrités, vedettes et millionnaires se montrent aussi. Léopold II y a son chalet, à front d'océan, suprême garantie de la haute qualité des lieux et de ceux qui les fréquentent. Pour cette société dans la société, les joies modestes de la plage ne tiennent guère devant les plaisirs plus raffinés des réceptions mondaines, du concert, de la scène, des concours hippiques, de la roulette, du tir au pigeon.