Thérèse Dussart, qui est véritablement l'âme du Kauwberg, m'a demandé de préfacer ce livre consacré à un des plus beaux sites semi-naturels de Bruxelles implanté à Uccle. "Le Kauwberg au fil des saisons" est l'oeuvre de Léon Méganck, le naturaliste-artiste-poète bien connu en Région Bruxelloise et en Wallonie. Léon Méganck, philosophe de la nature, se penche avec amour sur le Kauwberg qu'il veut arracher à l'emprise criminelle des promoteurs afin de le sanctuariser pour "les générations nouvelles, candidates du réenchantement du monde".

C'est pour moi un honneur et une grande satisfaction que de pouvoir présenter ce merveilleux plaidoyer pour la nature ; mais c'est aussi un grand regret, car c'est au Professeur Duvigneaud/ qui hélas vient de nous quitter, que devait incomber cette tâche. Avec toute sa lucidité, son originalité, son obstination et sa dialectique éprouvée par 50 années de lutte, il aurait mieux que quiconque exprimé sa vision de l'homme et analysé l'enjeu que représentait la sauvegarde de ces sites semi-naturels de l'écosystème bruxellois qu'il connaissait à la perfection. C'est en 1972 déjà que Léon Méganck avait rencontré Paul Duvigneaud qui préparait alors la carte écologique de Bruxelles. Dès l'abord le Professeur l'avait encouragé dans ses travaux et avait écrit, en 1975, la préface de son "Histoire Naturelle de Forest". Tous deux ont toujours été d'une grande rigueur scientifique et très sensibles aux valeurs artistiques qu'ils ont intégrées, chacun selon sa propre tendance, au sein d'un humanisme rénové.

Léon Méganck a découvert la nature très tôt, déjà enfant lors de ses promenades dans les Hautes Fagnes ou plus tard au cours de ses randonnées le long des rivières et dans les collines de Burgstadt (en Saxe, exAllemagne de l'Est).

"Le Kauwberg au fil des saisons" est le dernier texte dont le Professeur Duvigneaud ait pu encore prendre connaissance, peu de temps avant sa mort. Il l'avait fort apprécié. Ce calendrier nature plein de poésie permet de découvrir et d'apprécier au cours de l'année les exceptionnels paysages du bocage ucclois qui ont conservé les caractères de l'époque autrichienne quand fut levée la carte de Ferraris entre 1771 et 1778 qui mentionne les territoires du Vivierdoye, du Carloo, incendié par les Autrichiens en 1790, et du Calevoort. Les anciennes dénominations du Kauwberg : Coudenborre (1299), Cauwenborre (1595) et Cauweborrebosch (1715) n'ont pas été reprises sur la carte autrichienne, probablement parce que l'endroit était resté sauvage et peu habité. Au fil des saisons, Léon Méganck nous entraîne par les sentiers du Kauwberg. Au printemps, ce sont les chatons soufrés et blancs argentés du saule Marsault ou le vol sur place en St-Esprit du faucon crécerelle. C'est ensuite l'été et Léon Méganck nous fait admirer la végétation très diversifiée du Kauwberg ainsi que l'entomofaune avec ses papillons dont le superbe machaon qui y subsiste grâce à l'absence d'insecticides. Bientôt l'automne est là avec sa débauche de teintes variées. Léon Méganck nous fait [...]