Fidèles à notre vocation, nous avons, dans la foulée des quatre Almanachs des Vieux Ardennais, inventorié systématiquement notre patrimoine sacré en localisant les statues, œuvres et autres objets relatifs au culte des saints vénérés dans le Luxembourg. Nous avons ici fait un état des lieux, constatant les dégradations de ce patrimoine, voire son appauvrissement continu dû aux vols passés et actuels. Tout un travail de sauvegarde...
Il est vrai que la tâche est loin d'être terminée et que la réactualisation du patrimoine, paroisse par paroisse, d'église en chapelle, de chapelle en oratoire, constitue une opération de longue haleine;

dès que cet inventaire sera achevé pour l'ensemble du Luxembourg, peut-être un cinquième volume viendra-t-il couronner les enquêtes réalisées par l'Institut Royal du Patrimoine Artistique jusque dans les années 70. Nos quatre albums ne peuvent que faire référence à ce travail de recension qui fut œuvre de pionnier. L'examen minutieux des biens des paroisses a révélé une situation totalement altérée; nous ne pouvons malheureusement la plupart du temps que constater les nombreuses disparitions; parfois avons-nous la consolation d'une heureuse surprise: réapparaît une œuvre ou un objet de valeur soustrait à l'époque aux regards des chercheurs de l'I.R.P.A. Si telle opportunité peut être un baume contre les mauvaises surprises, la balance penche cependant dangereusement du côté des disparitions malencontreuses. Un cinquième volume sous la forme d' "avis de recherche" ou "appels à témoins" fera l'état de la question et témoignera en outre des tentatives, encore trop timides hélas, d'introduction d'art contemporain dans l'enrichissement du patrimoine religieux.

Le thème d'inspiration de cette quatrième et dernière exposition de notre cycle, c'est donc l'hiver. L'hiver est la saison ardennaise par excellence. Ici plus qu'ailleurs, le froid est intense, la neige est abondante en ce pays d'altitude dont le climat rigoureux a façonné en profondeur le caractère des habitants. Toutes les communautés villageoises devaient autrefois se mobiliser pour survivre face aux assauts de la morte saison qui paralysait toute vie économique et détruisait les vies les plus fragiles. Il y a moins d'un siècle, en 1906, à Moinet, non loin de Bastogne, les Ardennais devaient se défendre encore contre les dernières incursions de loups, que l'hiver jetait, affamés, hors du bois. Et cette extrême férocité des hivers, les Ardennais durent encore l'affronter il y a un demi-siècle lorsque les neiges de décembre 44 amenèrent chez nous les meutes déchaînées d'un Hitler aux abois. Le patrimoine, en ces jours douloureux, fut lui aussi frappé de plein fouet. "Dommages de guerre"..., dit-on!

Si les hivers d'autrefois étaient féroces, isolant les villages du reste du monde, plongeant leurs ...