"Il y a beaucoup de villages dans la ville "...

Au milieu des 161,78 km de l'agglomération bruxelloise, Etter-beek, avec ses 315 hectares, n'est certainement pas le plus gros village encore que ses 46. 650 habitants (au 31 décembre 1979) le situent au 10e rang des dix-neuf communes bruxelloises.

Comme ses voisins, ce village urbain a son caractère propre. Resserré — abstraction faite des quartiers excentriques — entre le Parc Léopold, le Parc du Cinquantenaire, l'avenue de Tervueren, le boulevard de moyenne ceinture et le chemin de fer du Luxembourg, Etterbeek se blottit à proximité de la rue de la Loi, cœur du Royaume et plus près encore du Rond-Point Schuman, cœur de l'Europe, à quelques minutes à peine de la gare du Quartier Léopold, construite en 1855, et où débarquèrent, au siècle dernier, des milliers d'émi-grants wallons qui allaient s'amalgamer à la population locale d'expression thioise.

Pas de château à Etterbeek, ni d'abbaye, pas d'église ancienne ni de tradition prestigieuse mais un passé rural tout proche, un paysage de cultures maraîchères, effacé en quelques décennies par un décor de pavés et d'asphalte, de maisons et de buildings.

Les ouvriers, les artisans, les employés, les commerçants, les fonctionnaires, les pensionnés ont succédé aux cultivateurs et aux maraîchers. Mais, aujourd'hui comme hier, la modeste aisance du plus grand nombre n'est assuré qu 'au prix d'un labeur opiniâtre.

De toutes ces composantes ~ sociales, géographiques, historiques — a surgi une communauté originale avec sa manière à elle de travailler, de se distraire, de concevoir la vie en société.

A ce jour et à notre connaissance, il n'a été édité que peu d'ouvrages traitant systématiquement de tout ou partie de l'histoire d'Etterbeek.

Citons dans l'ordre chronologique :

— le chapitre etterbeekois de l' "Histoire des Environs de Bruxelles" d'Alphonse Wauters qui date de 1855 mais qui a été rééditée en albums illustrés en 1973;

— la monumentale "Vallée du Maelbeek avec monographie d'Etterbeek", oeuvre devenue rarissime, terminée en 1914 par L.-F. DePauw, fils de Charles De Pauw, naturaliste antiquaire, grand-père d'un autre Charles De Pauw, célèbre promoteur immobilier bruxellois, et qui fut, en son temps, un savant paléontologue s'occupant, entre autres choses, de l'exhumation des squelettes des iguanodons de Bernissart, gloire du Musée Royal d'Histoire naturelle;

— "Etterbeek en cartes postales anciennes", réalisé par Jacques Lemercier en 1972 et qui couvre approximativement la période allant de 1880 à 1920;

— la plaisante "Chanson des Rues d'Etterbeek" écrite par Jean Francis et illustrée par Jean Cabrera.

Le présent travail ne prétend ni à l'érudition des deux premiers ouvrages cités ci-dessus, ni au charme évocateur du troisième, ni à l'humour du dernier. L'auteur a voulu y consigner simplement les péripéties de la naissance et de l'évolution de sa commune natale en espérant que ceux qui passent, ont passé ou passeront tout ou partie de leur vie à Etterbeek, trouvent dans les pages qui suivent le reflet de la personnalité de cette attachante cité.