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Histoire des chemins de fer belges
Cartonné / 176 pages / édition de 1977
langue(s) : français
éditeur : Paul Legrain
dimensions : 295 (h) x 230 (l) x 23 (ép) mm
poids : 1340 grammes
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Tant aux champs qu'à la ville, le silence n'est jamais absolu. Il est toujours émietté par des rumeurs contenues, des bruits en retrait, de discrets bris de coquilles, des cris qui ne flambent que pour s'éteindre aussitôt...

Chaussé de bottes en caoutchouc, je marche au long d'un sentier fangeux tracé, à travers bois, au flanc d'un des coteaux fermant la vallée de la Meuse. Et j'entends monter, se superposant au murmure des eaux que libèrent les sources et au frottement du vent contre les feuilles, une musique fondée sur un rythme invariablement égal. Elle est faite du battement des roues d'un train sur les rails. Le ton me dit qu'il s'agit d'un train de marchandises. Sa sourde gravité me précise vaguement la charge des wagons : charbon ou minerai.

Je suis en ville, devant ma table de travail. Il est presque minuit. Un grondement étouffé et un frémissement du plancher m'avertissent de l'approche d'un express. Tous les jours, à la même heure, à la même minute, il répond à ma distraite attente et me rappelle les vertus de l'horaire. Au-delà des ténèbres du voyage, les voyageurs qu'il emporte seront accueillis, dès l'aube, par un autre soleil que celui qui obligera la ville à poursuivre la tâche de la veille.

L'oreille attentive au silence perçoit fréquemment, ainsi, la scansion des roues ou le chuintement de l'air ventilé par la fuite d'un train. Chaque fois que cet avertissement - dont la sonorité est de hauteur variable - me parvient, mille images surgissent sous mes paupières. Ce sont celles du déchirement des séparations et de l'émotion des retrouvailles. Elles sont une succession de quais, talus, ponts, tunnels, campagnes, villages, banlieues, cités... Tant d'espoirs de voyages se mêlent à tant de souvenirs de départs. Lorsque j'étais enfant, je regardais le vent de la vitesse déployer, au-dessus des prairies et des bois, des nuages gris et blancs. Le règne de la vapeur est à présent révolu. D'autres locomotives ont contraint celles qui fumaient à prendre leur retraite. Mais l'aventure continue, dans la perspective des voies saisissant l'horizon dans leurs parallèles serrées, à la faveur de l'éloignement, comme des pinces.

Cette aventure a commencé, en Belgique, il y a près d'un siècle et demi.

Je me propose, ici, de vous la raconter. Et je vous demande la permission de remettre le passé au présent parce que celui-ci est tributaire de celui-là et parce que ce qui fut explique ce qui est. Le présent, en outre, n'introduit-il pas l'avenir ? Par ailleurs, je vous propose - l'histoire du chemin de fer ayant un caractère collectif -d'utiliser désormais un « nous » non majestatif mais témoignant, simplement, d'un intérêt solidaire à l'égard des choses du rail.
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