Ce livre, nous le dédions à la mémoire de Louis Dubuisson, notre père, qui nous a suivi avec intérêt tout au long de l'élaboration du manuscrit, mais qui hélas, n'aura pas eu le bonheur de parcourir avec vous ces quelques pages que nous consacrons au Roman Pays de Brabant, qu'il chérissait autant que nous-mêmes.

Cette partie méridionale du Brabant, appelée « Brabant Wallon », constitue l'arrondissement de Nivelles, formé de cinq cantons, où la langue maternelle est le français et où le wallon est encore fortement enraciné. Les cinq cantons ont pour noms : Nivelles, Wavre (*), Jodoigne, Genappe et Perwez. Ce découpage que nous connaissons depuis plus de cent ans aura subi, lorsque vous lirez ces lignes, un remaniement assez sensible pour certains d'entre eux. L'un aura disparu, tandis qu'un autre aura été créé, un autre encore sera amputé au profit d'un quatrième. Nous avons établi notre manuscrit en prévision de ces transformations. C'est ainsi que, de l'ancien canton de Nivelles, six communes sont détachées pour former le nouveau canton de Tubize et Genappe est incorporé à celui de Nivelles.

Nous avons donc étudié un territoire composé de vingt-sept communes et limité par le canton de Wavre, la province du Hainaut, le canton de Tubize et la frontière linguistique.

Plusieurs grands axes routiers et d'excellentes voies secondaires, ainsi qu'une voie d'eau relativement importante, constituent l'infrastructure d'un réseau de communications qui a encouragé l'implantation de nombreuses industries, et qui attirera encore les investissements.

Nous avons divisé le canton en plusieurs centres d'attractions ou zones d'influences. Il est traversé en effet par l'important axe routier Bruxelles-Charleroi, que nous avons considéré comme voie « impériale ». Les armées de Napoléon y ont défilé en traversant tous ces villages; elles venaient de Ligny pour aller prendre position en avant de Waterloo; quelques heures plus tard, vaincus, en retraite cette fois et le cœur meurtri, les débris de la Grande Armée devaient fouler ces mêmes pavés brabançons.

Nous visiterons ensuite Villers-la-Ville et toute la région voisine où l'influence cistercienne fut prépondérante durant de longs siècles. Nous irons voir à l'opposé, d'autres communes du Brabant qui firent partie, à une certaine époque, du vaste domaine du chapitre de Nivelles. Ainsi par monts et par vaux, nous parcourerons le Roman Pays. Nous nous arrêterons de-ci de-là, au hasard du chemin, admirant un paysage, un peu plus loin une chapelle, visitant une église ou un musée. Au détour de la route nous nous attarderons à contempler l'une ou l'autre de ces innombrables fermes de chez nous, si caractéristiques, au badigeon blanc resplendissant sous le soleil. Et sans doute, aurons-nous l'occasion de découvrir ensemble maintes autres curiosités, si vous acceptez de nous suivre dans ce Brabant si délicieusement chanté par le poète Maurice Carême, qui proclame :

Et que m'importe à moi vos mers
S'étalant nues sur les rochers!
Le Brabant, dans un seul rucher,
Fait bourdonner tout l'univers.
Que valent vos blanches écumes
Faisant aux îles des colliers
Quand, chez nous, une seule plume
Evoque un toit blanc de ramiers?

Notre premier itinéraire nous conduira de Bruxelles à Marbais, par la grand-route de Charleroi. Après avoir traversé cette incomparable forêt de Soignes, la première localité que nous aborderons est très célèbre, depuis qu'un jour de juin 1815, un affrontement sanglant la précipita dans l'Histoire.